Il est un Empire où la monnaie est souveraine.
Il n’y existe ni Constitution, ni Souverain, pas de Roi ou de président.
La monnaie est Tout.
L’art monétaire y est porté à une telle perfection qu’il détermine naturellement le droit et les lois, la politique, les sciences et techniques, la religion et jusqu’au langage pour régler universellement les rapports entre les hommes.
La monnaie de cet Empire ne sert d’ailleurs presque jamais à « payer », la pratique y est jugée archaïque et le mot en voie d’élimination.
Il faut en revanche certain jeton de monnaie pour voter. Il en faut un autre pour soumettre une proposition au vote.
Parlements et gouvernements y ont été abolis au grand soulagement de chacun et l’Empire a retrouvé une forme idéale de démocratie : On ne vote plus pour des représentants mais pour des propositions émanant directement des détenteurs comme l’on appelle les habitants de cet Empire.
Les « détenteurs » se définissent par la monnaie qu’ils détiennent comme l’on appelait auparavant citoyens les habitants des sociétés archaïques qui se définissaient — maladroitement — par les droits et devoirs que leur conférait l’appartenance à une sorte de fiction qu’ils appelaient cité (il est malaisé d’imaginer aujourd’hui un fonctionnement aussi arbitraire reposant sur la confiance dans le bon vouloir de chacun).
Les détenteurs ne doivent pas être confondus avec les anciens possédants. La qualité de détenteur est universelle à l’inverse de l’infime classe possédante des sociétés archaïques et l’accumulation des richesses a été abolie en même temps que l’appât du gain afin d’empêcher la suraccumulation monétaire et ses dérives mortelles restées vivaces dans les mémoires.
Alors que la tâche était réputée impossible, elle fut résolue de la manière la plus simple et élégante : Chacun a, en permanence, la même quantité de monnaie et le même nombre de jetons, seule leur qualité change.
Par exemple, la valeur de chaque jeton de monnaie est automatiquement diminuée des impôts et taxes et augmentée des droits et distributions.
Ce système a encore permis une réforme merveilleuse : Les prisons n’y existent pas et seul leur souvenir se perpétue dans les fables enfantines et histoires de loups.
Les peines s’y réduisent à la confiscation de jetons ou la limitation de leur usage.
La première classe de peines consiste en de simples diminutions de valeur de ses jetons, la deuxième en restrictions de loisirs, la troisième restreint certains accès aux commerces, lieux de vie et services non-essentiels, la quatrième limite les modes de déplacements (voitures, bus, trains, avions…).
Quant à la cinquième et dernière peine, personne ne sait au juste en quoi elle consiste, sinon que les condamnés de la 5e, en reviennent lénifiés et privés de toute force vitale.
Les forces de police ont atteint un équilibre remarquable. Elles sont à la fois inexistantes et omniprésentes : Leur seule mission est de faire appliquer la 5e peine, généralement de nuit et toujours par surprise. Il y est mal vu de les craindre et de les critiquer car il est admis que seuls ceux qui ont de graves reproches à se faire peuvent avoir de telles pensées.
Ce système de peines a permis un autre prodige : La fermeture des tribunaux. Les règles sont inscrites et automatiquement appliquées dans le grand Code monétaire, ou simplement « le Code ».
Le grand Code monétaire est universel : Il régit autant le droit que la politique, le budget ainsi que toutes les sciences et connaissances.
Le fonctionnement du Code est particulièrement habile. Toutes les propositions scientifiques comme politiques sont inscrites dans le Code et soumises au vote monétaire.
Les Scientifiques — le terme regroupe physiciens, biologistes mais aussi juristes, comptables, grammairiens, banquiers, médecins… — votent dans leurs domaines selon la qualité de leurs jetons et en attribuent l’usage (par une sorte d’hypothèque) aux propositions de leur choix afin non seulement de les valider mais également de les financer.
Le Code régit également les emplois, formations et loisirs. On accède à un poste d’ingénieur aérospatial comme à une place de concert ou un cours de biologie cellulaire par un mécanisme mixte d’enchères, de vote et de loterie.
Le Code a ainsi rendu obsolète les entreprises privées et administrations publiques : Sociétés anonymes, PME, banques et assurances, universités, hôpitaux, ministères, caisses sociales… Tous ont disparu au profit du Code qui régit automatiquement la distribution des soins, allocations, droits de vote, emplois, billets de transport, loisirs, biens de consommation (lames de rasoir, bouteilles de gin et rations de viande végétale)…
Mais le plus grand raffinement du système monétaire de cet Empire est sans doute son autorité sur le langage.
L’Académie ayant été jugée obsolète, elle fut dissoute : On se mit à inscrire les nouveaux mots dans le Code afin de soumettre leur sens au vote monétaire. Bientôt l’on fit de même avec tous les mots du dictionnaire ainsi que les règles de grammaire et de sémantique. On ne vota plus seulement leur sens mais leur existence même — Il fut un temps à la mode de détruire tous les mots et règles superfétatoires —.
Afin de mettre un coup d’arrêt au poison, aujourd’hui oublié, de la désinformation et du complotisme, l’usage même des mots fut finalement réglé par le Code :
Il fallait une certaine qualité de jeton pour avoir le droit d’utiliser un mot. Par exemple, le mot maladie était réservé aux chercheurs, médecins et soignants, étant entendu qu’ils étaient les seuls à même de reconnaître une maladie.
Certains mots étaient limités à un certain nombre d’usages par semaine. Ainsi les mots bière ou alcool sont réservés aux bars uniquement le week-end et pas plus de 3 fois pour la plupart des détenteurs de jetons. Cette simple règle de langage avait permis de régler définitivement le problème de l’alcoolisme là où deux siècles de coûteuses mesures de santé publique avaient échoué.
Bien sûr, la mise en application de ces règles de langage est immédiate et automatique sur les réseaux et dans les univers virtuels et à peine plus difficile dans l’univers virtuel dégradé — que les temps anciens appelaient fautivement « monde réel » — : Non seulement celui-ci n’est-il plus fréquenté que marginalement mais les habitudes virtuelles s’y prolongent naturellement et des peines de seconde catégorie suffisent à dissuader les derniers récalcitrants.
Tribunaux, prisons, parlements, police, entreprises publiques et privées, écoles, hôpitaux académies… Le Code monétaire de cet Empire est arrivé à une telle perfection qu’il a remplacé avantageusement et efficacement toutes les structures d’oppression qui régissaient arbitrairement les sociétés archaïques.
Bien sûr, dans l’élaboration de ce système, la tâche la plus ardue consista à trouver le bon mécanisme pour émettre et distribuer les jetons de monnaie et leurs différentes qualités de la manière la plus efficace possible…
Ces quelques lignes forment le début de La Fable des derniers deniers. SI elles vous ont intéressé, s’il vous plaît PARTAGEZ-là et COMMENTEZ-là ICI et…
Recevez la suite dimanche prochain en vous inscrivant à la Lettre de l’Investisseur sans Costume :
Je m’appelle Guy de La Fortelle et je rédige le service d’information GRATUIT et INDÉPENDANT : L’Investisseur sans Costume.
À partir d’aujourd’hui, je vais vous dire tous les secrets de l’économie et de la finance que les médias grands publics « oublient ».
J’ai écrit un texte complet sur La Fin de l’Argent ou La Fable des derniers deniers
Cet article est le premier que vos recevrez, IMMÉDIATEMENT en vous inscrivant à L’investisseur sans Costume. Ce service est entièrement GRATUIT.
Je vous garantis la confidentialité complète de vos données personnelles. Elles ne seront jamais ni échangées avec des organismes tiers ni commercialisées à votre insu.
L’Investisseur sans costume est un service proposé par Pando Éditions, maison d’édition indépendante spécialisée dans l’économie et la finance, que je dirige.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle